Vivre la miséricorde
Ce 8 décembre, le Pape François ouvre le jubilé extraordinaire de la miséricorde. Mais pourquoi cette année jubilaire, précisément maintenant ? Le Saint-Père répondait à cette question le 11 avril dernier : « Simplement parce que l’Église, en ce moment de grands changements d’époque, est appelée à offrir plus fortement les signes de la présence et de la proximité de Dieu. (...) Voilà le motif du Jubilé : parce que c’est le temps de la miséricorde. C’est le temps favorable pour soigner les blessures, pour ne pas nous lasser de rencontrer tous ceux qui attendent de voir et de toucher de la main les signes de la proximité de Dieu, pour offrir à tous, à tous, le chemin du pardon et de la réconciliation. »
Alors comment comprendre cette miséricorde ? Sainte Faustine, la messagère de la Divine miséricorde, s’écriait : « Ô mon Dieu, comme je désire que les âmes sachent que Tu les as créées à cause de Ton amour inconcevable ! Ô mon Créateur et mon Seigneur, je sens que j’écarterai le voile du Ciel, pour que la terre ne doute pas de Ta bonté. » (Petit Journal, n°483). Paroles à écouter et à réécouter car la création est effectivement un débordement de la miséricorde de Dieu.
Dieu n’a besoin de rien : le Père vit avec le Fils et l’Esprit Saint une communion d’amour pleinement comblante. Et pourtant Il a voulu associer d’autres personnes à sa joie et à sa gloire. Il a pensé à nous pour passer son éternité avec Lui. Dieu n’a qu’une seule éternité – si l’on peut dire – mais Il veut vivre celle-ci avec nous qui ne sommes« rien ». Sur terre, on est habitué à autre chose : nous avons plus d’une ruse pour ne pas nous attarder auprès des personnes « inintéressantes»... Le style divin est différent. La miséricorde, c’est donc le Coeur de Dieu qui se penche sur la misère. Un Coeur qui s’abaisse pournous élever. Pour nous hisser à la hauteur de son amitié. Et cela se manifeste d’abord dans la création.
Cependant, nous le savons, le péché de l’homme a bouleversé le plan du Seigneur. C’est ainsi que la miséricorde qui s’était plu à nous créer avoulu nous sauver, nous recréer. Le Christ, c’est la miséricorde divine venue en ce monde (cf. Litanies de la Divine miséricorde). A Noël, nous fêtons donc cette magnanimité d’un Dieu qui se moque des convenances et s’abaisse encore plus, jusqu’à prendre la nature humaine. Et de ce Coeur humain du Christ couleront l’eau et le sang, les sacrements qui viendront toucher la multitude.
La miséricorde est donc au centre du christianisme. Pour vivre de cette miséricorde, deux moyens sont spécialement mis à l’honneur durant le Jubilé : le sacrement du pardon et l’adoration eucharistique. Sachons y rencontrerle Christ miséricordieux qui ne cesse de nous rejoindre, là où nous sommes, afin de nous guérir et de vivre avec nous. Et en recevant cette miséricorde, nous apprendrons à devenir à notre tour «miséricordieux comme le Père». • Abbé Vincent Pinilla, fstb
Article paru dans Zélie n°4 (Décembre 2015).