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Gwenaële Barussaud, écrivain jeunesse



Avril 2017

Publier un livre par trimestre en moyenne n’est pas si fréquent quand on est auteur. C’est pourtant le cas de Gwenaële Barussaud, qui écrit principalement des séries de romans pour les adolescentes. Après les cinq volumes des Demoiselles de l’Empire et les deux tomes des Aventurières du Nouveau Monde, parus chez Mame, et les trois des Lumières de Paris (Fleurus), Gwenaële travaille sur le troisième tome de Miss Dashwood, nurse certifiée, chez Fleurus également. Elle vient aussi de publier 1791 : une princesse en fuite chez Scrineo, qui raconte la fuite à Varennes du point de vue de la fille de Louis XVI, Madame Royale.

« Quand on écrit des séries pour adolescentes, le rythme est assez dense car les lectrices grandissent et il ne faut pas attendre plusieurs années avant de publier la suite » explique-t-elle. Ce sont ses filles, aujourd’hui âgées de 8 à 16 ans et sa première source d’inspiration, qui ont donné à Gwenaële l’idée de se lancer dans la littérature pour les adolescentes : « Ma deuxième fille cherchait alors en vain un roman sur la période napoléonienne, raconte-t-elle. Or, c’est une période que j’aime beaucoup, d’abord parce que j’ai été élève à la maison d’éducation de la Légion d’honneur, créée par Napoléon, et ensuite parce que j’apprécie la littérature sur cette époque, comme celle de Balzac et de Hugo. »

Gwenaële se souvient de ses débuts : « J’ai envoyé mon manuscrit à six maisons d’édition, et Fleurus-Mame m’a proposé de travailler avec eux. J’ai ainsi compris qu’un manuscrit est souvent la matière première, et le livre est le fruit d’une collaboration entre l’auteur et l’éditeur. »

Après avoir enseigné les lettres en lycée public pendant dix-sept ans, elle a décidé en 2015 de se concentrer uniquement sur son activité d’écriture. « Je me cale sur les horaires scolaires de mes filles, explique-t-elle. J’écris le matin de 8h30 à 12h, puis l’après-midi, où je travaille aussi sur la documentation, la promotion de mes livres notamment avec ma page Facebook, les contacts avec les éditeurs... C’est un travail à plein temps car l’écriture est une maturation permanente. Tout m’y fait penser. Je recycle souvent ce que j’observe et je rêve parfois de mes personnages la nuit. Quand je commence à écrire, tout est déjà prêt dans ma tête. Parfois, je dois faire un effort pour m’extraire du roman et retourner dans la « vraie vie », mais je n’aime pas laisser les personnages au bord de la route ; c’est mieux quand mon héroïne est alors endormie dans une auberge ! »

Les motivations de Gwenaële sont multiples : faire vivre un personnage, proposer un style linguistique de qualité, amener des jeunes filles éventuellement réticentes à la lecture et transmettre une espérance à un âge où l’on cherche des modèles.

On le sait, très rares sont les écrivains qui vivent de leur plume. Ce n’est d’ailleurs pas le cas de Gwenaële, qui gagne 5 à 6 % du prix de chaque ouvrage vendu, taux fréquent en littérature jeunesse. Le métier d’auteur permet peu de visibilité sur l'avenir puisque chaque contrat d’édition est signé pour un seul livre. Une autre source de revenus potentielle est celle des rencontres scolaires : des enseignants font étudier un roman à leurs élèves et l’auteur vient en parler.

Ces événements, ainsi que les séances de dédicaces et les salons littéraires, sont pour Gwenaële des occasions de rencontrer ses lectrices : des moments gratifiants au milieu d’un travail solitaire. Elle a été touchée quand une collégienne lui a demandé si elle pouvait effectuer son stage de troisième avec elle...

Dans son activité, la foi a une place déterminante : « Elle est à l’origine de l’écriture, car je souhaite utiliser ce talent reçu au service de ma foi. Dans plusieurs de mes romans, mes héroïnes ont une vraie vie spirituelle. D’ailleurs, l’écriture est quelque chose d’intime, qui se nourrit de la vie intérieure. » Pour Gwenaële, l’inspiration se nourrit aussi d’elle-même : elle a en stock encore une dizaine d’idées de séries ou de romans... • Elise Tablé

Article paru dans Zélie n°19 (Avril 2017), série "Ces métiers qui nous fascinent" (6/7)

Crédit photo © Lionel Antoni


La suite de l'histoire - Août 2022


« En cinq ans, beaucoup de choses ont changé, raconte Gwenaële. Et peut-être d’abord l’intitulé de ce portrait. Même si j’écris encore un peu pour la jeunesse (la série Célestine chez Albin Michel Jeunesse), mes principaux romans, publiés sous mon nom marital (Gwenaële Robert), sont destinés aux adultes.


En 2017, Tu seras ma beauté est paru chez Robert Laffont, puis Le Dernier Bain (2018), Never Mind (2020), et Le Dernier des Ecrivains (2022). Ces romans ont reçu de nombreux prix qui m’ont encouragée dans cette voie et m’ont donné la confiance nécessaire pour m’y consacrer pleinement.


Le choix de me tourner vers la littérature générale correspond à deux facteurs : d’une part mes filles ont grandi (elles ont aujourd’hui entre 14 et 22 ans) or elles étaient mes principales sources d’inspiration pour créer des héroïnes de leur âge. D’autre part, j’ai toujours considéré la littérature jeunesse comme une étape, non comme une fin. L’écriture de romans jeunesse m’a donné la confiance nécessaire pour me lancer dans la littérature générale. J’apprécie la grande liberté qu’ offre cette dernière, en particulier dans le travail de la langue, le choix des sujets, la complexité des personnages. C’est un acte créateur absolu, libre et jubilatoire. Ce qui a été le plus difficile pour l’introvertie que je suis, c’est d’accepter d’être davantage exposée. Il faut se prêter au jeu de la promotion de ses propres romans et d’une certaine médiatisation qui n’existe pas en jeunesse. Mais j’y travaille et, progressivement, je m’améliore !


Paradoxalement, c’est la littérature jeunesse qui me permet aujourd’hui de vivre de mon travail. La série Célestine petit rat de l’Opéra, publiée chez Albin Michel Jeunesse, a immédiatement été un immense succès. Avec plus de 600 000 exemplaires vendus, elle me permet de toucher des droits d’auteurs équivalents à un vrai revenu. Ce succès a été providentiel car il est apparu au moment où notre fille aînée commençait ses études supérieures.


Bien sûr, il est impossible d’avoir une visibilité dans ce métier. Comme dans toutes les carrières artistiques, on marche sur un fil. Toute nouvelle création est un risque à courir, toute nouvelle parution un grand saut dans le vide. Mais c’est aussi le creuset où s’éprouve l’abandon, la confiance en Dieu. Pour moi, chaque roman, depuis sa genèse jusqu’à sa réception, est un acte de foi. » Propos recueillis par S. P.


Photo © Astrid Crollalanza

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