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Agnès de Nanteuil, résistante pour la France


S'il est une vie où se mesure le rôle d'une éducation, c’est celle d'Agnès de Nanteuil. Née le 17 septembre 1922, elle est issue par son père d'une famille normande de noblesse d'épée, dont les membres ont versé leur sang sans compter pour la France. Par sa mère, il s’agit de la famille Cochin, lignée de députés, de ministres, d'universitaires, dévoués à la patrie et à la foi. Ceux-ci ne se payaient pas de mots. En 1890, les grands-parents d'Agnès étaient brancardiers à Lourdes.

Les parents sont de la même trempe et éduquent Agnès dans l'amour et l'effort, à Paris. Enfant espiègle, vive, souvent désinvolte, elle se convertit véritablement à l'âge de quatorze ans, durant une retraite d'exercices spirituels de saint Ignace. A partir de ce jour, elle désire se donner à Dieu et à son prochain. Tenant un petit carnet, elle y note ses progrès spirituels, ses dates de confessions, ses visites au Saint-Sacrement et ses efforts.

Devenue une jeune femme spirituelle et contemplative, elle n'en oublie pas l'action. Cheftaine de louveteaux, elle s'engage au sein de la Jeunesse étudiante chrétienne et donne des cours de catéchisme en banlieue rouge. En 1937, les finances de la famille sont abîmées par des années de crise. Il faut vendre le château, les appartements, liquider et partir à Vannes. 1940 : les Nanteuil, bouleversés par la défaite, se confient dans le Maréchal Pétain. Mais les accords de Montoire d'octobre 1940 sur la collaboration les poussent en résistance. Le père d'Agnès meurt en 1942, mais sa mère organise un réseau d'accueil pour les réfractaires au STO. En 1943, elle aide à l'évasion d'aviateurs anglais descendus au-dessus de la Bretagne. Les six enfants Nanteuil soutiennent leur mère. Agnès, fin 1943, devient agent de liaison et porte des plis pour les chefs de la résistance.

Dénoncée, elle est arrêtée par la Gestapo en mars 1944. Internée à Vannes puis à Rennes, elle est torturée une douzaine de fois. Mais à chaque fois, elle s'allonge sur le grabat de sa cellule, puis se relève et soutient ses compagnes de détention par ses chants, son humour et ses paroles encourageantes. Août 1944 : les prisonniers sont rassemblés à Angers et déportés. Le train d'Agnès est à l'arrêt à Langeais, lorsque six avions de la Royal Air Force, apercevant les uniformes allemands, mitraillent le convoi en le pensant purement militaire. Dans la panique, Agnès est blessée d'une balle allemande.

Transférée à l'hôpital de Tours par la Croix-Rouge, elle n'est pas soignée, sur ordre des SS. Un aumônier militaire allemand l'accompagne une semaine, puis elle est rembarquée en train. Celui-ci parvient à Paray-le-Monial le 13 août 1944. La gangrène a pris. Un médecin ouvre le wagon et découvre Agnès entourée de jeunes filles communistes déportées comme elle, priant le chapelet. La jeune femme meurt le jour même, pardonnant et confiant à la Vierge les agents de la Gestapo, son dénonciateur et les Allemands. Elle avait vingt-et-un ans.

Décorée à titre posthume, Agnès de Nanteuil est restée un modèle pour le scoutisme français. • Gabriel Privat

Article paru dans Zélie n°21 (Été 2017) - Crédit photo Studio Harcourt/Wikimedia commons CC

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