Cyprien et Daphrose Rugamba, l'amour jusqu'au bout
Cyprien et Daphrose Rugamba sont un couple rwandais dont la cause de béatification est ouverte depuis 2015. Alors que leur mariage n'avait pas commencé sous les meilleurs auspices, la foi a transfiguré leur amour et les a menés dans la joie jusqu'à leur mort tragique en 1994. Ils ont fondé la Communauté de l'Emmanuel au Rwanda. François Lespes est l'auteur d'un beau documentaire sur leur vie : J'entrerai au ciel en dansant (Saje/KTO). Entretien.
• Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous rendre au Rwanda pour filmer un documentaire sur Cyprien et Daphrose Rugamba ?
A vrai dire, c'est la société Saje Production qui m'a contacté pour me proposer ce projet. J'avais vaguement entendu parler de ce couple rwandais, et bien sûr de ce pays marqué par le génocide, mais je n'en savais pas grand-chose.
J'ai donc commencé à me documenter sur le Rwanda, sa douloureuse histoire, et ce couple étonnant. Un détail m'a touché : ils ont été tués le 7 avril 1994, dans l'octave de Pâques. Je venais juste de terminer un documentaire sur le professeur Jérôme Lejeune, mort le 3 avril 1994, jour de Pâques. Et tous les trois ont un procès de béatification en cours. Je me suis dit que c'était une belle œuvre que de participer à faire connaitre, à mon petit niveau, ces « amis du ciel » au monde.
• Auriez-vous des anecdotes de tournage à nous raconter ?
J'ai été profondément touché par ce pays, et je ne m'y attendais pas. D'abord c'est un pays d'une grande beauté. Couvert de collines verdoyantes, auxquelles sont accrochées des petits villages aux maison faites de terre rouge, il est magnifique. Touché aussi par les Rwandais que j'ai rencontrés : leur humilité, leur gentillesse, leur délicatesse, et leur foi brûlante. Il faut assister à une messe de semaine, à 6 heures du matin, dans une église pleine, où résonne une louange puissante et mélodieuse pour en prendre la mesure. Leurs chants sont bouleversants !
J'ai été aussi marqué par la rencontre avec l'un de leurs fils survivant, Dorcy. Metteur en scène de théâtre en Europe, il m'a donné un magnifique témoignage sur ses parents.
• Qu'est-ce qui vous a particulièrement frappé dans la vie de Cyprien et Daphrose ?
Beaucoup de choses, d'abord la figure de Cyprien, sa stature intellectuelle, son talent poétique, sa renommée comme artiste rwandais. Mais c'est surtout l'histoire du couple qui m'a bouleversé, et la personnalité lumineuse, toute en discrétion, de son épouse Daphrose. Vous rendez-vous compte, ce mariage de raison – Cyprien épouse Daphrose après le décès de sa fiancée, qui était de la même famille et dont il était fou amoureux, pour respecter l'engagement qu'il avait pris avec cette famille – , qui, transfiguré par la conversion au Christ, devient un mariage d'Amour au plus beau sens chrétien du terme ? C'est magnifique !
• En quoi pensez-vous que ce couple peut parler particulièrement aux époux d'aujourd'hui ?
La sainteté de Cyprien et Daphrose est une sainteté de couple. Un couple torturé par de grandes épreuves, mais qui a tenu bon, grâce à la prière inlassable de Daphrose qui a fini par « gagner » la conversion de son mari. Un couple qui s’est entraîné mutuellement vers le ciel, et qui témoigne que dans un mariage, rien n’est jamais perdu si on s’appuie sur Dieu. C’est un témoignage d’espérance pour tous les couples d’aujourd’hui. • Propos recueillis par Elise Tablé
Un livre pour approfondir > Jean-Luc Moens, Cyprien et Daphrose Rugamba : une famille pour le Ciel (éditions Emmanuel)
Article publié dans Zélie n°22 (Septembre 2017) - Crédit photo © Editions de l'Emmanuel