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Alix Chambéron et Thibaud Debaecker, fondateurs de PicInTouch


Début 2016, Alix Chambéron et Thibaud Debaecker se sont associés et ont lancé PicInTouch, une start-up qui propose d’imprimer des photos qu’on leur envoie par mail et de les expédier par voie postale aux parents ou grands-parents. Ils travaillent à distance : Alix, 29 ans, habite Toulon, et Thibaud, 34 ans, Paris, où il dirige également un studio incubateur de start-ups. Entretiens croisés.

Zélie : Quel a été votre parcours professionnel jusqu’au lancement de PicInTouch ?

Alix Chambéron. Après une école de commerce, j’ai travaillé dans le conseil et dans l’informatique. Un jour, j’ai appelé Thibaud, un ami de ma grande sœur, car j’avais une idée de start-up. Finalement, il m’a proposé l’idée qui devait donner naissance à PicInTouch, en lien avec l’intergénérationnel. Mais à cette époque, nous avions peu de temps à cause de nos emplois respectifs. Puis mon mari marin a été muté à Toulon, où il m’était plus difficile de trouver du travail. Enceinte et devant rester alitée, j’ai rappelé Thibaud pour lui dire : « J’ai quatre mois disponibles devant moi ! » Nous avons cherché des noms – comme Imprimail –, avant de choisir finalement PicInTouch.

Thibaud Debaecker. Après un doctorat en robotique, j’ai travaillé dans le groupe Safran pendant quatre ans, puis j’ai rejoint Perfluence, une entreprise créée par mon père et un associé. Avec ces mêmes associés, j’ai créé RimLink, un studio incubateur de start-ups, qui vise à mettre en œuvre des projets digitaux.

Racontez-nous le lancement de PicInTouch.

Alix. Nous avons rapidement monté un site pour tester le marché, et nous avons très vite eu des commandes, avant d’avoir eu le temps de trouver un imprimeur ! Ma maman a été la première stagiaire : elle allait poster les photos alors que j’étais alitée dans la maison de vacances familiale en Bretagne... C’était un peu artisanal. Aujourd’hui, après deux ans, nous avons une équipe de cinq personnes qui s’occupent du marketing produit, du webdigital ou encore du service client. PicInTouch compte près de 15 000 utilisateurs.

Comment vous partagez-vous les tâches ?

Alix. Thibaud et moi n’avons pas le même profil. Lui est plus technique ; au départ, il s’est beaucoup occupé de la question du site web, de l’algorithme et du traitement des photos. J’ai une fibre commerciale et de communication, donc je suis plus à même de faire parler de PicInTouch et de le vendre. Au début, je m’occupais de l’opérationnel, c’est-à-dire du service client et l’impression des photos. Ayant recruté, nous nous détachons de l’opérationnel. Aujourd’hui, Thibaud s’occupe surtout du budget et la stratégie ; je me charge de trouver de nouveaux leviers de développement. Par ailleurs, pour mon associé, PicInTouch est seulement l’une de ses activités – 30% de son temps en moyenne – puisqu’il a une autre entreprise.

Thibaud. Pour PicInTouch, c’est un peu particulier, puisque Alix et moi sommes associés mais nous travaillons à distance. Je suis à Paris avec l’équipe, je m’occupe donc beaucoup du management. Je ne rentre pas trop dans le métier de nos collaborateurs et leur fais confiance. Alix s’occupe surtout de la communication et des relations presse. Bien sûr, si elle me demande : « J’ai une interview programmée à Paris, peux-tu y répondre ? », je peux le faire.

Comment communiquez-vous ?

Alix. Nous avons une réunion en ligne tous les lundis et un point « process » le jeudi, grâce à une conf call (échange vidéo, ndlr) interne et nous échangeons sur Slack, une plateforme de communication d’entreprise. Je fais aussi des aller-retours Toulon-Paris de temps en temps, même si c’est moins le cas actuellement depuis la naissance de mon deuxième enfant.

Thibaud. Le lundi matin, nous avons une réunion de pilotage ; nous arrivons assez rapidement au consensus concernant la stratégie à mettre en œuvre. Ainsi, Alix a proposé de développer l’offre destinée aux professionnels, elle m’a convaincue, et ça marche !

En quoi diriez-vous que vos approches sont complémentaires, chacun avec sa sensibilité propre ?

Alix. Thibaud est plus « terre à terre », plus près des chiffres. Je suis davantage dans l’intuition, la créativité. Nous sommes aussi complémentaires par nos profils : ingénieur et commercial respectivement. Cela dit, Thibaud a aussi un côté féminin dans ses qualités d’imagination, de créativité ; il va souvent sur Internet voir ce qui se fait. Je peux aussi avoir parfois un regard plus masculin. Par ailleurs, je prends parfois les choses plus à cœur, et j’ai besoin que Thibaud mette particulièrement les formes ; lui, moins.

Thibaud. Nous avons des sensibilités très différentes. Je suis très analytique, Alix est très commerciale. D’autres personnes de l’équipe ont encore d’autres approches, esthétique par exemple. Nous avons aussi des caractères différents : Alix réagit très vite, en « haute fréquence ». Je ralentis le jeu, je suis plus « basse fréquence ».

Thibaud, vous avez quatre enfants, et Alix, deux enfants. Comment articulez-vous chacun vie professionnelle et vie familiale ?

Thibaud. L’avantage d’être patron, c’est que je décide de ce que je dois donner à mon travail et à ma famille ; je ne rends des comptes à personne. Mon ambition dans la vie n’est pas de faire fortune. Il est important pour moi d’emmener mes enfants à l’école le matin, et de les voir le soir avant qu’ils se couchent.

Alix. C’est l’éternelle difficulté ! Mes enfants de 7 mois et 22 mois sont gardés les lundis, mardis, jeudis et vendredis. Je travaille chez moi, ce qui rend l’organisation très flexible. Cela dit, parfois j’avance efficacement, mais d’autres jours je suis happée par la machine à laver qui sonne... Ce n’est pas évident de travailler sans collègue physique, malgré les échanges vidéo.

La foi chrétienne donne-t-elle un sens particulier à votre travail ?

Alix. Nous ne nous sommes pas associés parce que catholiques. Cependant, nous avons une même vision de la famille. Par exemple, quand j’ai été enceinte assez rapidement après la naissance de mon premier enfant, Thibaud ne m’a pas dit : « Quoi, tu attends un enfant alors que nous sommes en train de lancer une entreprise ? » Nous avons une relation d’honnêteté et de confiance, ainsi qu’une certaine éthique quant à la manière de travailler.

Thibaud. PicInTouch permet de créer du lien familial, en cohérence avec des valeurs humaines de cohésion et de souci des autres. La dimension chrétienne de notre travail se trouve dans la manière de manager les salariés, qui est une question que je me pose quotidiennement. Ainsi, je ne leur impose pas de travailler davantage qu’un nombre d’heures raisonnable. Ou encore, alors que notre développeur était en célibat géographique, je lui ai dit : « J’espère qu’un jour, tu vas nous dire que tu nous quittes pour rejoindre ton amie ». Et quand il a décidé de partir, je lui ai dit que j’étais content pour lui. Propos recueillis par Solange Pinilla

Article paru dans Zélie n°29 (Avril 2018)

Crédit photo © PicInTouch

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