Discerner et vivre sa vocation
Au fait, qu'est-ce que la vocation ?
« As-tu la vocation ? » Cette formulation, tout comme celle de « prier pour les vocations », peut parfois prêter à confusion. Tout baptisé a une vocation, celle de la sainteté ! Ce n’est rien d’autre que de vivre pleinement dans l’amour de Dieu et cela passe par la vie quotidienne, comme le rappelle le pape François dans sa nouvelle exhortation apostolique parue le 9 avril, Gaudete et exsultate.
« Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve, écrit le pape. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. »
« Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. » On l’aura compris : pas besoin d’attendre d’être mariée ou religieuse pour trouver le bonheur en Dieu.
A l’intérieur de cette vocation universelle à la sainteté existent les deux principales voies que sont le mariage d’une part, le sacerdoce et la vie consacrée d’autre part. Peut-on parler du mariage comme d’une vocation ? « Le mariage chrétien est une vocation, mais il n’est pas un appel [spécifique], écrit le Père Thierry-Dominique Humbrecht dans sa Lettre aux jeunes sur les vocations (Parole et Silence). Quand tu te maries en chrétien, ce qui était ton désir devient ta vocation, la vocation que désormais Dieu veut pour toi. »
Le fait de consacrer sa vie à Dieu et de renoncer à la vocation naturelle au mariage nécessite un appel spécifique : « Pour suivre le Christ de cette façon, avec ces moyens-là qui sont radicaux, oui, il faut un appel spécial, ajoute le dominicain. Sinon, personne ne lâcherait tout pour un Dieu qu’il continue à ne pas voir ni sentir d’aucune façon. » Dès lors, l’état de vie sacerdotale ou consacrée incarne de manière encore plus immédiate – sans médiation – le lien d’amour entre Dieu et l’homme.
Le discernement d’un appel à la vie consacrée peut se faire de différente façons : au long cours depuis l’enfance, ou par un déclic plus tardif ; via des événements, des lieux, un contexte familial et social ; et particulièrement par des rencontres et des témoignages. Un adage dit que l’on découvre souvent son propre appel à l’écoute de l’appel des autres.
Dans une rencontre avec des prêtres en 2010, Benoît XVI disait : « Je pense qu’aucun d’entre nous ne serait devenu prêtre s’il n’avait pas connu des prêtres convaincants dans lesquels brûlait le feu de l’amour du Christ. » Ceci peut aussi éclairer les parents dont un fils leur confie vouloir devenir prêtre : priant pour leur enfant, ils peuvent déjà éviter de critiquer les prêtres et les personnes consacrées !
La vocation comme témoignage une dimension importante. Car, tout comme le mariage à la fin des films n’est en réalité que le début d’une histoire, l’échange des consentements conjugaux ou la prononciation des vœux n’est qu’un début. Quelle épouse, quelle religieuse va-t-on être ?
Tout au long de leur vie, notamment lors des anniversaires – de mariage, d’ordination, de vœux – ou pendant des retraites spirituelles, les époux et les personnes qui ont tout quitté pour le Christ sont invités à renouveler leur « oui » et à réfléchir sur la manière dont leur vocation s’incarne concrètement et peut être un témoignage de l’amour infini avec Dieu. • Solange Pinilla
Article paru dans Zélie n°30 (Mai 2018)
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