Porter le sacerdoce des prêtres
Les 150 femmes membres de l’Œuvre Sainte Monique – célibataires, religieuses ou encore mariées – s’engagent à prier quotidiennement pour les prêtres. Une manière de vivre une vraie fécondité spirituelle au service des âmes.
Tout a commencé en 2009, lors de l’année sacerdotale. Pour répondre à l’appel du pape Benoît XVI à « prier le Maître de la moisson », l’abbé Augustin Cayla, du diocèse de Versailles, suscite l’Œuvre Sainte Monique. Un groupe de femmes commence à prier pour les prêtres du monde entier, afin qu’ils vivent dans la sainteté et la fidélité. Elles prient également pour l’accroissement des vocations sacerdotales.
Les membres de l’Œuvre Sainte Monique s’engagent, à ces intentions, à participer à une messe en semaine – ou si ce n’est pas possible, à faire une demi-heure d’oraison – et à offrir un acte de pénitence par semaine, ou simplement ses difficultés. Elles disent également chaque jour la prière à Notre-Dame du Sacerdoce du Père Thévenin (voir ci-dessous).
Une lettre de la Congrégation pour le clergé de 2007 souligne en effet : « La vocation de mère spirituelle pour les prêtres est trop peu connue, à peine comprise, par conséquent peu vécue, malgré son importance vitale et fondamentale. Cette vocation est souvent cachée, invisible à l’œil humain, mais destinée à transmettre la vie spirituelle. » L’abbé Cayla évoque « l’affinité du mystère féminin avec le mystère du sacerdoce ». Deux mystères, non au sens de secret, mais de réalité inépuisable.
Pourquoi ce lien entre féminité et sacerdoce des prêtres ? Dans un éditorial pour l’Œuvre Sainte Monique, l’abbé Cayla cite Mulieris dignitatem de saint Jean-Paul II : « Dans l’église tout être humain – homme et femme – est l’épouse, parce qu’il accueille comme un don l’amour du Christ rédempteur. » L’abbé Cayla ajoute : « Les femmes le percevront plus spontanément, étant épouses par toute leur constitution ; les hommes auront besoin d’une transposition, et ce sont les femmes qui leur enseigneront les attitudes d’un cœur qui se laisse épouser. »
Le prêtre se tient comme « la figure du Christ-époux donc voué, non aux noces charnelles, mais à être l’ambassadeur des noces mystiques que Jésus veut contracter avec les âmes, explique l’abbé Cayla. D’une façon différente, dans la chasteté, c’est-à-dire à distance, le prêtre vivra une collaboration avec les femmes : coopération apostolique, paternité spirituelle, amitiés fraternelles et… votre présence, chères membres de Sainte Monique ! » Cette maternité spirituelle permet que « les prêtres et les vocations se construisent sans être privés de la collaboration prévue par Dieu dès la Genèse. »
On constate ce lien par exemple chez sainte Monique, mère de saint Augustin, qui pria tant en vue de la conversion de son fils au Christ. Celui-ci écrit dans ses Confessions, s’adressant à Dieu : « Ma sainte mère, ta servante, ne m’a jamais abandonné : elle m’a enfanté selon la chair à cette vie temporelle et avec son cœur à la vie éternelle. Ce que je suis devenu et ce que je suis, je le dois à ma mère. »
Pour autant, toute femme, ayant eu des enfants charnels ou non, peut porter les prêtres par la prière. « Je vois des femmes célibataires qui ont mieux compris la maternité spirituelle que certaines mères de prêtres », explique Marguerite Courtois, investie dans l’Œuvre Sainte Monique.
Les 150 femmes engagées dans celle-ci se regroupent pour certaines une fois par mois pour prier ensemble dans une dizaine de villes de France. Des religieuses sont également engagées : « L’une d’elles a une maladie auto-immune et offre ses souffrances pour les prêtres, raconte Marguerite Courtois. Elle a un vrai rayonnement. »
Pour Marguerite, participer à l’Œuvre Sainte Monique est un moyen de progresser dans sa vie intérieure, mais aussi d’être missionnaire, ce qui à première vue n’était pas évident dans sa vie de mère de famille. à l’instar de sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missions alors qu’elle était carmélite cloîtrée, prier pour les prêtres participe à l’évangélisation : « Le Christ a soif des âmes qui viennent à lui et les âmes ont soif de Dieu ; le prêtre fait le lien entre les deux » souligne Marguerite.
Enfin, « cette maternité spirituelle ne peut bien sûr se réaliser sans être déposée en notre Mère du ciel, affirme-t-elle. Nos prières, nos offrandes, nos pénitences sont des fleurs offertes… Mais n’oublions pas que c’est Marie qui fait le bouquet ! Notre Dame est notre Mère à tous, mais de manière encore plus spécifique Mère des prêtres. » L’abbé Cayla écrit, en évoquant le Stabat Mater : « Plus vous vous tiendrez là, les bras levés, plus le Seigneur, par les prêtres que vous portez, fera naître des âmes à sa vie. » Solange Pinilla
Prière à Notre-Dame du Sacerdoce
Vierge Marie, Mère du Christ-Prêtre, Mère des prêtres du monde entier, vous aimez tout particulièrement les prêtres, parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils Unique. Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre, et vous l’aidez encore dans le ciel. Nous vous en supplions, priez pour les prêtres ! « Priez le Père des Cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson ». Priez pour que nous ayons toujours des prêtres qui nous donnent les Sacrements, nous expliquent l’évangile du Christ, et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père les prêtres dont nous avons tant besoin ; et puisque votre Cœur a tout pouvoir sur lui, obtenez-nous, ô Marie, des prêtres qui soient des saints. Amen.
Prière de Mission Thérésienne - 32 rue Jean de La Fontaine 75016 Paris - www.mission-theresienne.org
Article paru dans Zélie n°33 (Septembre 2018)
Crédit photo : Annibale Carrache/Wikimedia commons CC.