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Thérèse, veuve : « Au Ciel, nous reprendrons notre conversation »


Thérèse Monniaux a perdu son mari Yves peu de temps après leur mariage. Un quart de siècle plus tard, elle reste unie à lui et nous raconte son émouvant chemin de deuil, devenu fécond.

« En 1993, Yves s’en est allé, après un an et demi de mariage : je venais d’avoir 31 ans.

Nous nous étions rencontrés dans un congrès catholique, et notre amitié grandit d’abord autour d’engagements partagés. L’amour s’invita dans son cœur plus tôt que dans le mien : à la faveur d’un long éloignement professionnel, nous échangeâmes des lettres qui m’ouvrirent les yeux sur la profondeur de nos affinités. « Il m’aime et je l’aime ! »

Cependant, c’est gravement malade qu’il revint de l’autre bout du monde : hospitalisé, il différa sa demande en mariage, ne voulant pas m’imposer les lourds traitements qu’il aurait à subir sa vie durant s’il en réchappait. Nos échanges, à l’hôpital souvent, se firent plus spirituels. Enfin, percevant que j’étais consciente des risques, dont notre probable infécondité à cause des chimios, il me demanda en mariage : joie !

L’épreuve traversée ensemble décupla notre amour mutuel et notre foi. Dans notre félicité, nous pensions la maladie conjurée pour longtemps : en fait, ce fut la rechute 15 jours après notre mariage, puis une rémission, puis la rechute fatale. L’arrêt de mon métier me permit d’être beaucoup auprès d’Yves. Le soutien lumineux du Père François Potez depuis notre préparation au mariage, l’affection et la prière de nos familles et amis, n’empêchèrent pas la croix mais pas non plus notre intense bonheur de jeunes mariés. Être ensemble, c’était tout ce qui comptait.

Quand les médecins s’avouèrent impuissants, Yves quitta l’hôpital, et des soins palliatifs furent dispensés chez nous, puis dans une maison spécialisée où je fus jour et nuit avec lui ; prière ensemble, communions, visites : que de bons moments au milieu des souffrances !

Malgré la séparation cruelle, j’avais vécu une belle histoire : aussi l’action de grâce a-t-elle toujours dominé malgré les larmes et la dépression qui s’installa 6 mois après sa mort pour un an. L’activité professionnelle et les engagements repris m’aidèrent à reprendre la route.

Je n’avais rien promis à Yves mais il me sembla évident que je ne me remarierais pas. Je cherchai tranquillement une façon de consacrer à Dieu mon veuvage. La première piste au sein d’une Fraternité ne me convenant pas, j’enfouis mon désir pendant des années. à la faveur d’un changement de vie et de ville, je fus de nouveau taraudée par cette aspiration profonde de mon âme, et c’est en 2013 seulement, 20 ans après la mort d’Yves, que je fus encouragée par mon évêque à une consécration individuelle. Il présida cette célébration dans ma paroisse, en présence du Père Potez qui continuait ainsi à être témoin de la suite de notre histoire.

Je signe souvent ma correspondance par « Thérèse unie à Yves+ ». Oui, j’ai aimé et admiré mon mari, et c’est unie à lui que je veux prier et servir. Je parle de lui naturellement, sa photo me suit partout. Au Ciel, nous reprendrons notre conversation et il continuera ses traits d’humour pour me taquiner ! Je loue avec lui notre Seigneur pour les trésors de la communion des saints, invisible mais parfois sensible par Sa grâce.

« Je t’aime d’un amour éternel parce que chrétien » (le duc d’Alençon à sa femme). »

Crédit photo : David Dibert/Pexels.com CC

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