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Louis et Zélie Martin : l’argent au service de l’amour


« Dieu premier servi » : c’est l’orientation de vie des saints Louis et Zélie Martin. Pour leur rapport aux biens matériels, ajoutons : « L’argent, chemin d’une civilisation de l’amour ? » Guy Fournier, diacre et adjoint au recteur du sanctuaire Louis et Zélie d’Alençon, développe cette question.

Louis et Zélie Martin font preuve d’une grande liberté intérieure quant aux biens matériels. Zélie écrit : « Je me figure que si j’étais dans un château magnifique, entourée de tout ce que l’on peut désirer sur la terre, le vide serait plus grand que si j’étais seule dans une petite mansarde, oubliant le monde et en étant oubliée ». (Correspondance familiale 150). Ce regard est en phase avec celui de Louis « qui menait habilement ses affaires, dans un complet détachement », écrit Céline Martin.

Zélie précise : « C’est Melle S. qui a organisé des petites réunions pour sa « belle nièce », qui se morfond d’ennui. Mme X. n’avait jamais pu se décider à fréquenter le « petit » monde, elle espérait qu’ayant son hôtel dans une rue aristocratique, elle finirait par amollir le cœur du « grand » monde. Mais non, il l’a plus dur qu’elle ne le supposait et c’est un silence de mort dans son beau salon. [...] C’est bien vrai qu’on n’est jamais heureux en ce monde ; j’en connais d’autres qui sont arrivés à une grande fortune et qui sont malheureux à cause de cela même » (CF 173).

Les saints Zélie et Louis formeraient-ils un couple vivant une sobriété heureuse ? En les canonisant, l’Église propose un idéal de vie qui est de toutes les époques : vivre en disciples du Christ, en assumant le devoir d’état ; mettre en œuvre les Béatitudes ; participer à l’édification d’une société plus juste et plus fraternelle ; enfin, faire de l’argent un outil au service du bien commun.

Zélie exprime cet objectif à sa fille Pauline, 15 ans : « Marie (16 ans, aînée de la fratrie, ndlr) rêve d’aller demeurer dans une belle maison, elle a parlé de cela, toute la soirée ; on aurait dit que c’était là le Ciel ! Malheureusement ses désirs ne pourront se réaliser : il faut rester où nous sommes, non pas toute sa vie ; mais pour moi, je n’en quitterai qu’à ma mort. Ta sœur, pourtant si peu mondaine, ne se trouve jamais bien où elle est ; elle ambitionne mieux. » (CF 150).

Dans cette lettre, Zélie dit aussi sa crainte de devoir licencier ses ouvrières : « Ton père ira prochainement à Paris pour le point d’Alençon, qui ne va plus pour moi. [...] Cela me fait tant de chagrin d’être obligée de renvoyer mes ouvrières ! »

Elle écrit à son frère : « Je te recommande de ne pas faire de folies pour les étrennes, j’en aurais tant de peine ! » et à Pauline : « Pour la foire de la Chandeleur, Marie s’occupait à regarder les petites filles de l’âge de Céline et de Thérèse, pour envier leurs toilettes et me supplier de les habiller comme cela. [...] Je n’ai pas envie de monter plus haut, c’est un véritable esclavage que tout cela ! »

Lors de son pèlerinage à Lourdes, deux mois avant sa mort, Zélie écrit : « Je suis entrée dans le premier restaurant prendre une tasse de chocolat et, à onze heures, nous déjeunions chez les Sœurs. Il y avait une table magnifique avec des pèlerins riches et nombreux. Je me suis dit : « Voilà un repas, mais il n’y en aura pas deux, car je suis gênée avec toute cette société et je préfère rester dans ma chambre avec mes filles » » (CF 209).

Un moment, il est question que Marie fasse une retraite, Louis est réticent. Zélie défend la cause : « Il est vrai que c’est une dépense, mais l’argent n’est rien quand il s’agit de la sanctification et de la perfection d’une âme et, l’année dernière, Marie m’est revenue toute transformée, les fruits durent encore, cependant il est temps qu’elle renouvelle sa provision. » L’argent doit contribuer au bien spirituel !

En 1875, elle écrit à sa belle-sœur : « II faut que je fasse quelque chose pour vos inondés de Lisieux. » Les monastères – clarisses à Alençon, Visitation au Mans, Carmel à Lisieux – bénéficient des largesses des Martin. La générosité de Louis se traduit par un don de 10 000 francs pour le nouvel autel dans la cathédrale de Lisieux.

Le soutien aux œuvres missionnaires de l’Eglise est régulier. « L’œuvre d’apostolat la plus connue chez nous était la Propagation de la foi pour laquelle, chaque année, nos parents faisaient une très belle offrande », se souviennent les filles Martin. A l’âge de neuf ans, Thérèse est inscrite à l’Œuvre de la Sainte Enfance pour financer dispensaires, écoles, hôpitaux en Indochine. Comment s’étonner qu’elle devienne ensuite Patronne universelle des missions ?

La vente de l’entreprise de dentellière de Zélie, début 1877, traduit son honnêteté en affaires. Elle sait depuis peu qu’elle a un cancer. Elle cherche à vendre son fonds. Au lieu de se réjouir d’avoir un client, Zélie commence par prier une neuvaine pour les acheteurs et elle les éveille à un certain réalisme : « Du reste, j’ai prié le Sacré-Cœur afin que, si c’est une mauvaise spéculation pour les gens qui veulent acheter, cela ne se fasse pas. [...] Si nous l’avions voulu, la vente était conclue, mais j’ai cru devoir ouvrir les yeux de ces personnes sur certaines difficultés, car elles voyaient tout en beau et cela me déplaisait » (CF 183).

Cette juste relation à l’argent est une invitation pour chaque chrétien. Selon le cardinal Martins, « avec les Martin, l’Église ne s’intéresse pas à l’exceptionnel, mais souligne comment, dans le quotidien de leur vie, ils ont été « le sel de la terre et la lumière du monde » (Matthieu 5, 13-14) ». Il ajoute : « L’Église a établi que Louis et Zélie ont fait de leur vie quotidienne quelque chose d’héroïque, et de l’héroïsme quelque chose de quotidien. Cela est possible pour chaque chrétien quel que soit son état de vie. » Guy Fournier

Nos pas dans ceux d’une famille de saints

Pèleriner sur les lieux de vie de la famille Martin, à la suite des saints Louis et Zélie, de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, de la servante de Dieu Léonie : c’est l’expérience que font chaque année des milliers de pèlerins au sanctuaire Louis et Zélie d’Alençon, en groupe paroissial ou scolaire, en famille ou encore en communauté.

De place en place, c’est toute la ville d’Alençon qui est marquée par le passage des Martin, entre leur maison familiale, l’église où ils se sont mariés, le pont de leur rencontre, le pavillon de Louis, son horlogerie, les lieux champêtres de promenade familiale... On expérimente ici une grâce d’incarnation : les saints nous sont proches.

En entrant dans l’intimité de cette famille, on parcourt à frais nouveaux les grands « chapitres » du livre de nos vies : amour conjugal, vie de famille, vie de prière, éducation, engagement pour la justice et la charité, travail, épreuves, deuils... Le champ est vaste, des domaines dans lesquels la vie de cette famille peut éclairer les nôtres, par le biais de visites, d’enseignements et de témoignages.

Diverses propositions permettent aux couples de faire de ce pèlerinage un temps fort : marche des époux, bénédiction avec les reliques des saints Louis et Zélie, renouvellement des promesses du mariage.

Informations et inscriptions sur www.louisetzelie.com

Crédit image : © Sanctuaire d’Alençon

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