L'incroyable pardon de Dieu
Grâce à la confession, Dieu nous offre le cadeau de la certitude d’être pardonné. Le Père Hugues de Tilly, curé de paroisse, nous éclaire sur ce sujet.
Zélie : Depuis quand Dieu pardonne-t-il à l’homme ?
Père Hugues de Tilly : Dieu se révèle à l’homme comme un Dieu jaloux, face à ce peuple qui se détourne de lui pour adorer des idoles. Moïse rappelle à Dieu qu’Il aime pardonner. Mais il faut que l’homme prenne conscience des moments où il s’est tourné vers les idoles ; Dieu ne nous pardonne que si nous lui demandons pardon. Les infidélités à son amour sont pour Dieu une grande tristesse. Le pardon, c’est l’acte par lequel il fait disparaître notre péché.
Si nous ne ressentons pas - ou trop peu - le besoin de demander pardon à Dieu, n’est-ce pas parce que nous n’avons pas assez conscience de notre péché ?
En effet ! Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous prenons conscience de notre péché, de nos infidélités, des situations où nous mettons quelque chose à la place de Dieu. Si l’on ne voit pas quels péchés nous aurions pu commettre, il suffit de demander leur avis à nos proches ! Mais plus on se rapproche de la Lumière, plus les ombres se voient... Nous pouvons ainsi passer notre vie en revue : par exemple, dans les propos tenus, il n’y a pas toujours que de la bienveillance. Nos agacements sont aussi le signe de ce que la prière n’est peut-être pas assez présente dans notre vie, et que Jésus n’était pas dans notre cœur à ce moment-là.
Quelqu’un me disait : « Mon Père, je ne vois pas ce qu’un prêtre peut dire en confession ! » Eh bien par exemple, dès le matin je peux traîner 10 minutes avant de me lever, au lieu de bondir de mon lit par amour de Jésus... Un confrère me disait : « Quand je confesse quelqu’un, parfois je me dis : "Ah tiens, ce péché, je n’y avais jamais pensé... Moi aussi je pourrais le dire en confession !" ».
Comment Dieu souffre-t-il de nos péchés ?
Il est un Dieu de tendresse. Lorsque nous passons à côté de l’épanouissement de notre vocation, nous nous blessons nous-même et nous blessons Dieu. Pour notre Père, c’est un crève-cœur de nous voir, nous ses enfants, prendre le mauvais chemin, partir dans des impasses ! C’est cela, la souffrance de Dieu.
On dit que Dieu est patient, « lent à la colère et plein d’amour » (Psaume 102). Pouvez-vous donner quelques exemples ?
Quand Abraham demande à Dieu d’épargner Sodome (Genèse 18), Dieu accepte de négocier. Que le monde existe des siècles après la venue du Sauveur est aussi une preuve de la patience de Dieu : 2000 ans après sa venue, Dieu continue à attendre notre conversion !
Comment Dieu vient-il nous chercher, comme dans la parabole de la brebis perdue ?
Il nous envoie des personnes qui nous invitent à la conversion. L’histoire de Jonas à Ninive illustre l’importance des personnes qui nous encouragent à renouer avec le Seigneur. Si l’on ressent un attrait pour le retour vers Dieu, c’est lui qui vient nous chercher. Mais n’attendons pas non plus que le Seigneur vienne nous chercher mille fois, avant de prendre de bonnes habitudes !
Pendant sa vie terrestre, le Christ guérissait les malades. Y a-t-il un lien avec le pardon des fautes ?
Ce que Jésus a fait pour un nombre limité de malades en Terre sainte, est le signe de ce qu’il peut faire en tout lieu et à toute époque. La maladie est aussi le signe de la perturbation de l’harmonie de la Création et la conséquence collective du péché des hommes.
A quoi sert le sacrement du pardon ? Ne pourrait-on pas demander pardon à Dieu seul chez soi ?
Le premier sacrement du pardon est le baptême pour la rémission des péchés. Nous rêverions d’être dans une fidélité totale après notre baptême ; mais ce n’est souvent pas le cas, et c’est même parfois un naufrage. La confession nous permet alors de retrouver le cœur de notre baptême. Cela n’empêche pas également de demander pardon seul chez soi. Cependant, dans le sacrement de la réconciliation, énoncer nos péchés nous permet aussi d’objectiver les choses et donc de progresser. En transmettant à ses apôtres le pouvoir de pardonner les péchés, Dieu nous offre ainsi la certitude d’être pardonné.
En allant nous confesser, nous avons parfois peur de ce que le prêtre va penser de nous... à quoi pense un prêtre, quand il est en train de confesser ?
Il est émerveillé de voir Dieu qui relève le chrétien ! Le prêtre écoute aussi Dieu en lui-même afin de savoir quel serait le court encouragement, le conseil ou la pénitence fructueuse pour aider le chrétien à partir dans une amitié renouvelée avec Dieu. Surtout, le prêtre pense à Jésus et à être Son interprète.
Comment préparer sa confession ?
On peut prendre le temps de repérer les moments où l’on n’a pas été fidèle à l’amitié avec Dieu. Faire chaque jour un examen de conscience permet déjà d’inspecter différentes dimensions de notre vie. On peut lire un texte de la Parole de Dieu : par exemple, la vigne et les sarments (Jean 15), afin de voir les moments où la sève de l’évangile ne coule pas dans notre quotidien. Après s’être mis en présence de Dieu, on peut explorer dans trois directions : l’amitié avec Dieu, les relations avec les autres, et le juste amour de soi-même. Il faut nommer les péchés de façon précise – plutôt que de dire par exemple : « Je n’ai pas eu assez d’amour ces trois derniers mois ».
La disposition d’esprit est de confesser à la fois la miséricorde de Dieu et notre situation de pécheur, non pas tant par rapport à la faute en elle-même mais en ce qu’elle entrave notre relation avec Dieu. On peut certes utiliser une liste de questions, mais sans l’utiliser de manière trop mécanique, afin de garder à l’esprit que l’examen découle avant tout des Saintes Écritures, du Décalogue, des Béatitudes, et non pas du manuel de confession.
On a parfois l’impression de confesser toujours les mêmes péchés ; cela peut être un peu décourageant, non ?
Oui, mais c’est beau d’être fidèle et de revenir régulièrement à Dieu ! Comme un conjoint qui a toujours les mêmes habitudes qui nous agacent, mais qui continue à demander pardon. Cette fidélité porte des fruits ; parfois, on réussit à ne plus commettre tel péché et on progresse dans l’amitié avec le Seigneur !
A quelle fréquence se confesser ?
L’église recommande de le faire une fois par an, car elle recommande de communier au moins une fois par an. Il faut aussi ajouter toutes les fois où nous avons quelque chose de grave sur la conscience... Je propose volontiers l’objectif de se confesser une fois par mois. Ou au moins pour les grands moments : Noël, Cendres, Pâques, Pentecôte, Assomption, Toussaint.
En quoi méditer la Passion du Christ peut nous inspirer dans notre demande de pardon ?
En fait, c’est dans la Passion que tout se joue ! Face à un cœur transpercé, contempler l’eau et le sang jaillissant du côté du Christ, c’est se dire : « Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, voilà l’ingratitude avec laquelle je lui réponds en m’occupant d’autres choses que de lui. » Quand on a un proche qui est à l’hôpital et qui souffre, on est « pris aux tripes » ! Face à Jésus, on éprouve une reconnaissance infinie et le ferme désir de ne pas recommencer.
Les sacrements tels que le baptême, l’Eucharistie ou le mariage sont des moments entourés de beauté et de joie, mais on n’a pas toujours cette impression concernant le sacrement de réconciliation...
Il y a du vrai ! Les enfants comprennent souvent mieux que les adultes la beauté de la confession ; c’est pour eux un moment joyeux. Au moment de leur première confession, je leur donne une image où il est écrit « Souvenir de ma première confession », et je conseille aux parents de faire un gâteau pour fêter l’événement. Peut-être devrions-nous nous aussi manger un gâteau après notre confession !
En général, plus on pratique la confession, plus on est heureux de voir arriver la suivante. Car la confession nous permet de retrouver la beauté de notre baptême et la disponibilité à la grâce, c’est-à-dire que Dieu dépose en nous son amour. C’est la joie retrouvée ! Parfois, des gens viennent me voir et me disent : « Les mots que vous avez dits lors de ma confession m’ont relevé ! », alors que personnellement je ne me souviens plus de ce moment. Propos recueillis Solange Pinilla
Lire le reste de notre dossier dans Zélie n°50 - Mars 2020
Crédit image Andre Furtado/Pexels.com CC : "Le Retour du fils prodigue" de Rembrandt.