Témoignage : « Zélie, une vie courte et pleine d’amour »
En 2017, Domitille et Ladislas apprennent que le bébé qu’ils attendent présente de graves malformations. Au lieu de pratiquer l'IMG (Interruption médicale de grossesse) proposée par les médecins, ils choisissent d’accompagner leur fille, Zélie, tant qu’elle vivra. Ils nous partagent « un bout de la courte vie d’amour de Zélie, pour montrer qu’un autre choix est exigeant mais possible, et peut rendre heureux malgré l’épreuve », selon leurs paroles.
« Nous sommes Domitille et Ladislas Iweins, mariés, nous avons 2 filles, Zélie et Apolline : l’une au Ciel et l’autre sur Terre.
Fin 2016, tout commence très bien, nous apprenons avec joie que nous attendons un bébé pour août 2017.
Au troisième mois, nous allons avec joie à l’échographie. à la fin de l’examen, l’échographiste nous annonce d’une manière brutale et froide que notre « fœtus » présente de très graves malformations, et qu’il pourra mourir du jour au lendemain. C’est la douche froide, ce n’est pas du tout ce à quoi on s’attendait. Le médecin nous propose de faire une IMG tout de suite, ou bien à un autre moment jusqu’au dernier jour de la grossesse.
Lors de notre préparation au mariage, nous avions évoqué la possibilité d’avoir un enfant handicapé. Cela nous avait permis d’en discuter exempts de toute émotion, et de choisir de poursuivre la grossesse en accompagnant ce bébé tout au long de sa courte vie.
Les jours suivants sont compliqués ; heureusement, nos familles ont été de précieux soutiens.
Grâce à une bonne amie, nous avions reçu le contact d’une gynécologue très respectueuse de la vie in utero qui pourrait nous accompagner. Elle nous a encouragé dans notre démarche et expliqué ce qu’est l’acrânie, c’est-à-dire l’absence de boîte crânienne.
La plupart des grossesses de ce cas donnent une fausse couche mais quelques bébés peuvent vivre quelques heures ou jours après la naissance. Cela nous conforte dans notre choix d’accompagner cet enfant le temps qu’il vivra. Nous n’avions pas besoin de rajouter de la mort à la mort. Elle nous dit que tant que le bébé est dans le ventre de Domitille, il ne souffre pas et continue à se développer. Nous nous rendons compte que nous pourrons profiter de toutes les joies d’une grossesse. Elle nous pousse à réaliser une échographie chaque mois pour le voir le plus souvent possible et créer des liens, sachant que sa vie in utero sera plus longue que sur Terre.
Chaque échographie est source de bonheur, nous entendons son cœur qui bat, nous voyons ses membres. Nous avons appris au quatrième mois que nous attendions une fille. Sur de bons conseils, nous lui avons tout de suite donné un prénom, Zélie. Cela nous a permis de donner de ses nouvelles régulièrement à tous nos proches qui nous soutenaient par une prière fervente.
Lorsque Zélie a atteint 500 g et 22 semaines, nous savions alors que nous pourrions inscrire son prénom dans notre livret de famille et l’enterrer dignement, quelle victoire !
Arrivent les premiers rendez-vous à la maternité, c’est le retour des difficultés. De nombreux médecins à rencontrer. Ils questionnent régulièrement Domitille afin de savoir si elle est sûre de vouloir garder l’enfant, et si Ladislas est bien d’accord. A force de batailler, et la date du terme approchant, ils commencent à se renseigner, se former. Ils organisent de nombreuses réunions internes pour envisager les suites, surtout pour des questions bioéthiques : jusqu’où aller dans les soins pendant l’accouchement ? Quels soins palliatifs ? 95% des bébés présentant des malformations sont avortés, le corps médical est donc bien démuni.
Le 3 juillet 2017, Zélie nous surprend en venant au monde un mois et demi trop tôt. A peine née, Ladislas s’empresse de la baptiser, quelle responsabilité ! Malheureusement l’accouchement a demandé trop d’effort à Zélie, qui n’a pas survécu. Il y a eu de belles grâces, nous étions vraiment dans la paix : « tout est accompli » !
L’« enciellement » de Zélie a eu lieu le 12 juillet, fête des époux Martin, quel clin-Dieu ! Tous nos proches sont de nouveau là pour nous accompagner. Ce jour est finalement moins difficile à vivre pour nous que les premiers jours suivant l’annonce des malformations.
Aujourd’hui, nous savons que nous avons une petite sainte au Ciel qui intercède pour nous. » Témoignage recueilli par S. P.
Photo (c) Collection particulière