Blanche : « Être l’oreille et le visage de la Providence »

En écoutant des personnes en difficulté, au sein des Accueils Louis et Zélie, Blanche voit une façon de préparer un terrain favorable à la Providence.
Nous sommes en 2017. Blanche a 49 ans et, pour se préparer à ses 50 ans, elle décide d’entrer dans une démarche jubilaire, comme dans l’Ancien Testament, où l’on fait le point en quelque sorte. « Je courais partout, j'étais finalement peu disponible, raconte-t-elle. Pendant une année, j’ai arrêté mes différents engagements pour m’ouvrir à la Providence, et à ce que le Seigneur pourrait me dire de nouveau », raconte-t-elle.
Un moine de l’abbaye de Randol lui parle des Accueils Louis et Zélie, un réseau de points d’accueil et d’écoute, fondé en 2015. Les accompagnateurs sont catholiques et les accueils sont ouverts à tous. « On m’a demandé d’en ouvrir un à Clermont-Ferrand, en lien avec le diocèse. J’ai suivi la formation à l’écoute proposée par l’association, avec le psychologue Daniel Desbois. »
Pendant plusieurs années, Blanche a écouté de nombreuses personnes dans une salle paroissiale à Clermont-Ferrand. Elle nous explique le déroulé : « D’abord, nous mettons la personne à l’aise, en lui proposant un café ou un thé. Nous lui demandons ce qui l’amène - plutôt que lui demander quel est son problème. Nous essayons d’écouter sans interférer, en posant de temps en temps de petites questions très simples. Nous essayons aussi de faire abstraction de notre arrière-fond culturel ou personnel. Par exemple, si cette femme parle de violences, je peux penser qu’elles sont physiques, alors qu’elle veut évoquer des violences psychologiques ; nous l’aidons à préciser. »
Blanche se rappelle un étudiant d’origine africaine. « Il avait appris l’existence de l’Accueil Louis et Zélie grâce à un flyer. En arrivant, il portait un masque jetable. Il nous a parlé de sa relation compliquée avec son père, de sa grande solitude. Puis il a enlevé son masque, et nous avons constaté qu’il avait des dents de travers. Nous l’avons écouté et encouragé. Puis nous lui avons proposé un temps de prière. Enfin, nous lui avons suggéré d’aller voir un orthodontiste. Quelque temps tard, il nous a écrit un mail pour nous dire qu’il l’avait fait ! »
Blanche propose en effet souvent des pistes concrètes pour aller plus loin, ou orienter vers des professionnels ou des associations. « Nous avons réalisé un carnet d’adresses : par exemple, un coiffeur gratuit, des cafés solidaires, ou encore une association pour les victimes de violences conjugales. »
Aujourd’hui, Blanche a déménagé, et propose une écoute téléphonique. Elle voit la démarche des Accueils Louis et Zélie comme un « relais de la Providence ».
« Nous ne cherchons pas à sauver la personne en difficulté, mais à créer un terreau favorable pour que sa situation s’améliore, explique-t-elle. Nous ne nous prenons pas pour la Providence, mais nous faisons notre part. Nous accueillons, nous écoutons, nous confions les personnes rencontrées au reste de l’équipe grâce à un groupe Whatsapp. On n’imagine pas la puissance de la prière ! Nous donnons aussi les prénoms de ces personnes à une communauté de sœurs clarisses. »
A la fin de la rencontre, une prière peut être proposée, étant donné que l’Accueil est explicitement relié à la paroisse catholique. « Quand nous leur demandions : "Est-ce que vous voulez qu’on confie votre souci au Seigneur ?", les personnes n’ont jamais refusé ! », affirme Blanche.
La quinqua s’inspire du Christ dans ses rencontres. « Jésus écoute, il reformule. Quand on veut lui tendre un piège, il pose une question : 'Dans la loi, comment est-ce écrit ?" C’est le cas aussi quand il demande à un aveugle, avec délicatesse : "Que veux-tu que je fasse pour toi ?" Dieu nous laisse exprimer le désir de notre cœur. » Elle ajoute : « Nous voulons être l’oreille et le visage de la Providence. » Solange Pinilla
(Photo Unsplash)
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