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La lectio divina : une méthode en 4 étapes




Dieu nous invite à l’écouter, condition d’un dialogue véritable avec lui. Un moyen nous permet de le faire : la lecture de la Parole de Dieu, ou « lectio divina ». Explications.



« J'exprime le vif désir que fleurisse une nouvelle saison de plus grand amour pour la Sainte Ecriture, de la part de tous les membres du peuple de Dieu, afin que la lecture orante et fidèle dans le temps leur permette d’approfondir leur relation avec la personne même de Jésus. »


Ces paroles, c’est le pape Benoît XVI qui les écrites en 2010 dans son exhortation apostolique Verbum Domini. De fait, rencontrer Dieu par sa Parole est une invitation pressante tout au long de la Bible : « Ecoute, Israël ».


Seulement, cette Parole, nous avons parfois la sensation de déjà la connaître, ou bien l’impression qu’elle ne suscite en nous aucune émotion ou pensée particulière... Une méthode structurée peut nous aider à vivre davantage la lectio divina.


Comme le rappelle Sœur Marie-Pia Zurbach, de la communauté des Béatitudes, dans son livre Parole de Dieu, parole de vie (EdB), dont nous nous inspirons pour cet article, le moine du XIIe siècle Guigues II le Chartreux a décrit ce cheminement en quatre étapes dans sa Lettre sur la vie contemplative, également nommée L’échelle des moines.


Ces « barreaux d’échelle » entre Terre et Ciel sont en effet au nombre de quatre : la lecture, la méditation, la prière et la contemplation. Mieux vaut compter une vingtaine de minutes pour permettre à cette lectio de vraiment se déployer.


1 La lecture. Après une invocation à l’Esprit Saint - qui a lui-même inspiré les Saintes Écritures et qui supplée à nos seuls moyens humains -, on commence par lire le passage choisi, qui peut être constitué d’une dizaine de versets.


« Souvent, par la lecture avec les yeux uniquement, nous sommes emportés rapidement à travers le texte sans pouvoir nous fixer, et nos pensées envahissent ce que nous sommes en train de lire, reconnaît Sœur Marie-Pia Zurbach. La lecture prononcée nous aide à rester présents dans l’instant et, par elle, le texte devient parole. » Lire le texte à voix haute, à trois reprises, aidera à ne pas le survoler, mais à le mâcher comme une nourriture. Pourquoi ne pas être particulièrement attentif aux répétitions des mots ou des expressions ?


2 La méditation. On peut se laisser attirer par un passage qui nous parle davantage, en l’intégrant doucement dans notre mémoire : répéter lentement, plusieurs fois la première ligne, plus la deuxième, plus les deux, et ainsi de suite. Sans chercher la performance, mais en accueillant cette parole dans notre cœur. « C’est la Parole même de Dieu : une étincelle qui suffit à mettre le feu à mon cœur comme à une meule de foin sec », affirmait le moine trappiste Dom André Louf.


Ensuite, je vais m’interroger : qu’est-ce que cette Parole me révèle de Dieu ? Qu’est-ce que Dieu me dit à travers ce texte ? Et comment mettre cette parole en pratique ? On va également aller vers des « liens », d’autres passages de l’écriture où la même idée s’exprime : par exemple, celle de « demeure » : « Nous ferons une demeure chez lui » (Jean 14, 23) peut nous faire penser à « Entrons dans la demeure de Dieu » (Psaume 131). A force de fréquenter la Parole, elle va nous revenir avec force certains jours...


Enfin, on peut chercher les différents sens de la Parole : le sens littéral (de quel genre de texte s’agit-il ? quelle est la situation évoquée ?) ; le sens christologique (comment le Christ est-il annoncé, révélé, exprimé ?) ; le sens moral (qu’est-ce qui m’est dit ou demandé, à moi, aujourd’hui ?) ; enfin le sens eschatologique (vers quoi tendons-nous ? qu’est-ce qui renvoie vers l’accomplissement final ?)


3 La prière. Après avoir écouté la Parole et l’avoir méditée, vient le temps de la réponse à ce dialogue initié par le Créateur. Cette réponse jaillit en une prière, que nous pouvons trouver dans le passage médité lui-même, dans les psaumes, le Notre Père ou encore le Magnificat, comme le suggère Sœur Marie-Pia Zurbach. Dom André Louf déclare : « La Parole a pris racine en nous et porte à présent du fruit : à notre tour, nous proférons la Parole et la renvoyons à Dieu. » Cette prière peut être demande de pardon, intercession, action de grâce ou encore louange.


4 La contemplation. Demeurer pour un temps dans le silence, attentifs à la présence de Dieu qui nous a parlé, permet de rester avec Dieu. Quand notre attention s’échappe, revenir vers un mot ou un verset retenu permet de garder notre attention fixée sur Dieu. Même si nous ne ressentons rien de spécial, Dieu est bien là. « L’époux dérobe son visage, pour que, absent, il soit désiré davantage, que désiré, il soit recherché avec plus d’ardeur, que, longtemps recherché, il soit enfin trouvé avec plus bonheur », affirme Guigues II le Chartreux.


Si l’Esprit nous conduit plus rapidement vers la prière et la contemplation, ce n’est pas un problème. Remercier le Seigneur et écrire ce qui nous a touchés sur un carnet permet de garder une trace, et, plus tard, de voir ce que la Parole a laissé en nous. Solange Pinilla




Photo Pexels

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