Regard psy : s’aimer soi-même pour mieux aimer les autres
Les « positions de vie ». Graphisme © Zélie
Cet article est extrait de Zélie n°88 - Octobre 2023, à télécharger gratuitement.
Quand on n’est pas conscient de sa valeur, ou que l’on ne voit pas celle des autres, il est difficile d’aimer véritablement. Le concept psychologique des « positions de vie » est éclairant à ce sujet.
Au cours d’une même journée, il est fréquent que notre représentation de nous-même et des autres change. Et notamment en cas de stress : on va se sentir soit en plein doute sur soi, soit méprisant avec les autres, soit découragé par le monde en général...
L’analyse transactionnelle, une théorie créée dans les années 1950 par le psychiatre américain Éric Berne, propose le concept des positions de vie. « Quatre positions sont possibles, explique Christine Maurice, analyste transactionnelle, dans son livre Transformer sa vie avec l’analyse transactionnelle (Leduc.s éditions). Le premier signe (+ ou -) indique la valeur que l’on s’accorde et le second (+ ou -) celle que l’on attribue à l’autre ou aux autres. » (voir schéma)
La première position, +/-, correspond à « une représentation positive de soi et une représentation négative des autres : "Moi, j’ai de la valeur et toi, tu n’en as pas" », indique Franck Jullien, coach et fondateur du modèle ComColors, dans son livre Découvrir sa personnalité... et celle des autres (Eyrolles).
Par exemple, cette personne va avoir tendance, notamment lorsqu’elle est stressée, à donner des conseils et s’agacer de l’incompétence des autres. Elle sera agressive, moqueuse et méprisante. La position dominante peut aussi amener à adopter une attitude de Sauveteur (lire aussi l’article « Relations : sortir de la toxicité ordinaire »). Cette représentation n’est bien sûr que le résultat d’une projection, sans rapport avec la réelle valeur des personnes.
La position -/+ est plutôt inverse : la personne accorde plus de valeur aux autres qu’à elle-même. Une personne dans cette position de vie se sent inférieure aux autres, pas assez à la hauteur par rapport à eux. Elle les admire et les voit comme des gagnants. Même si elle réussit, elle se sentira perdante car ayant dépensé beaucoup de temps et d’énergie pour un moins bon résultat. Frustrée, elle doute d’elle-même.
Quant à la position -/-, c’est celle où l’on ne sent pas sa valeur, et on n’en reconnaît pas aux autres non plus. « Une personne dans cette position de vie ressent un sentiment de découragement, de démission, voire de dépression : "La vie ne vaut pas la peine d’être vécue" », souligne Franck Jullien. Fataliste, elle a l’impression de ne pouvoir compter ni sur elle, ni sur les autres.
La dernière position, +/+, se distingue des autres : cette fois, c’est celle adoptée par une personne qui connaît sa valeur et celle des autres. « Elle a confiance en ses propres capacités, elle est convaincue qu’elle et les autres peuvent être gagnants si, ensemble, ils s’en donnent les moyens », précise Franck Jullien. Elle est à l’écoute de ses propres besoins, elle est responsable de ses actes et elle sait s’exprimer avec respect si quelque chose ne va pas.
Par ailleurs, on peut noter que la position +/- que nous avons évoquée au début, peut en réalité cacher une position -/+. Car une attitude méprisante révèle bien souvent « un manque de confiance en soi qui s’accompagne d’une grande exigence envers soi-même et envers les autres », selon Christine Maurice. Derrière la position -/+ se cache aussi parfois une colère ou une agressivité réprimée.
On peut passer d’une position de vie à l’autre au cours de la journée, en fonction des circonstances et des rencontres, mais il arrive que l’on soit plus fréquemment dans l’une ou l’autre, avec certaines personnes : « Par exemple, vous pouvez être souvent dans le +/-, avec vos enfants ("Ils ne font jamais rien de bien") et fréquemment dans le -/+, avec votre responsable ("Je ne suis pas à la hauteur de ses attentes") ».
Il apparaît que si l’on souhaite aimer véritablement les autres, il est nécessaire d’être conscient de sa propre valeur, et de celle d’autrui. Le problème principal vient donc souvent d’un manque d’estime de soi ou de confiance en soi, qu’il vienne de l’enfance ou non. On peut par exemple, en cas de stress, plutôt que de se dire des paroles négatives - qu’on ne dirait jamais à sa meilleure amie ! -, les remplacer par des paroles encourageantes et valorisantes. (Lire aussi l’article « Estime de soi ou estime du Soi ? ») Solange Pinilla
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