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Sophie : « Quand mon fils est né, il pesait 800 g »



Alors qu'elle approche des 5 mois de grossesse, Sophie est hospitalisée, car sa vie et celle du bébé sont en danger. Elle nous raconte quels ont été ses soutiens pour garder confiance et espérance dans l'épreuve.



« Je m’appelle Sophie, j'ai 46 ans. Mariée à Romaric depuis 21 ans, nous nous connaissons depuis 27 ans.


Nous avons eu la bénédiction d'avoir 6 enfants. Notre premier fils, Ferréol est né au Ciel il y a 19 ans. Puis sont arrivées 4 filles : Aubane, 17 ans, Aliénor, 13 ans, Adélaïde, 11 ans et Aloyse, 7 ans. Enfin, notre petit dernier, Léopold, qui a fêté ses 2 ans fin octobre.


Notre parcours pour construire cette famille a été semé d'embûches. J'ai un attachement particulier à Saint Joseph du Bessillon à Cotignac à qui j'ai souvent confié mes prières.


En juin 2022, j'ai appris que j'étais enceinte. À 44 ans et vu notre parcours précédent, c'était un véritable miracle, une surprise inespérée que mon mari a qualifiée de "clin Dieu". Quelques jours plus tard, lors d'un pèlerinage à Cotignac que j'organise sur ma paroisse depuis dix ans avec trois très bonnes amies, Fabienne, Justine et Ysaure, j'ai confié cette grossesse à saint Joseph au Bessillon en priant pour que "la volonté de Dieu soit faite". Soit la grossesse se poursuivait, avec un bébé en bonne santé, soit elle s'arrêtait, et je l'acceptais.


Quelques semaines plus tard, ma grossesse est devenue pathologique, et début octobre, le bébé et moi étions même en urgence vitale. Nos vies à tous les deux étaient en danger. J'ai été admise en réanimation adulte à l'hôpital Necker alors que j'approchais des 5 mois de grossesse - délai au-delà duquel les médecins peuvent réanimer le bébé à la naissance.


Je devais rester alitée, sans pouvoir me lever ni pour les repas, ni pour la toilette. J'ai appris l'humilité d'être impuissante devant tout et suis extrêmement reconnaissante au personnel médical de s'être occupé de moi et à nos amis et familles de s'être relayés à mon chevet. Je n'ai jamais passé une journée seule, un ami prêtre est même venu me dire une messe, grande joie.


Mon objectif initial était de tenir encore au moins quelques jours pour que le bébé soit viable puis garder ce petit être le plus longtemps possible dans mon ventre pour augmenter ses chances de survie. Il était pour moi hors de question de perdre un nouveau bébé.


Malgré la peur, je n'ai jamais perdu confiance en Dieu, priant avec ferveur et recevant le soutien d'une communauté unie dans la prière.


J’ai beaucoup prié mes parents et mes quatre grands-parents déjà au Ciel depuis un bout de temps d’intercéder auprès du Père pour préserver le bébé. Je crois énormément que la famille ne se détruit pas après la mort, elle se transforme. Une part d’elle va dans l’invisible et le ciel n’est plus uniquement peuplé d’anges, de saints connus et du Dieu mystérieux, le Ciel devient familier.


Nous avons été très soutenus sur Terre, mes bonnes amies de Sainte-Marie des Batignolles à Paris ont organisé des veillées de prière pour le bébé et pour moi dans notre église, la première trois jours après mon arrivée à l’hôpital. Ce soir-là, la veillée a commencé à 21 heures. Au même moment, je me suis sentie enveloppée par une bienveillance maternelle, comme un manteau de velours et je me suis endormie apaisée. Cela faisait 3 jours et 3 nuits que mon anxiété m’empêchait de dormir.


Le 20 octobre, après trois semaines de bataille contre ma thrombose et mes hémorragies, j'ai dû subir une césarienne d'urgence. Léopold est né avec 3 mois et demi d'avance, pesant seulement 800 grammes et mesurant 33 cm, un extrême grand prématuré. C’est minuscule, comme la première poupée qu’ont eu nos filles. Un joli blondinet comme son grand frère Ferréol. J'étais très fière de ce petit garçon mais aussi soucieuse : son pronostic vital était engagé.


Juste avant de partir au bloc, j’avais eu le temps d’appeler ma belle-mère qui a demandé à tout son réseau du Rosaire de prier pour nous, et aussi Fabienne, Justine et Ysaure pour demander leurs prières pendant les deux prochaines heures. J’ai moi-même récité des je vous salue Marie en série, avant d’être endormie en salle d'opération et je récitais la suite en me réveillant.


Grâce aux prières de nos filles, belles-sœurs, amis de l'école, des scouts, de notre Lorraine d'origine et bien sûr de notre communauté paroissiale, tous réunis ce soir-là "par hasard" pour une nouvelle veillée de prière, Léopold a survécu à cette première nuit critique. Conseillé par ce même ami prêtre, Romaric a baptisé notre fils en urgence dès le lendemain. Des messes ont été dites pour Léopold partout en France, à Rome et même à Bethléem.


Léopold a ensuite passé trois mois et demi en néonatalogie, d'abord en réanimation, puis en soins intensifs. Nous avons traversé des moments difficiles, mais je n'ai jamais perdu confiance en Dieu. Cela ne m'a bien sûr pas empêchée d'être soucieuse, j'ai eu peur et je voyais l'équipe médicale, nos familles et amis inquiets mais je savais que je Lui avais confié le bébé et qu'Il ferait le meilleur pour lui.


Grâce à la prière et à l'amour de notre paroisse, de nos familles et de nos amis, Léopold a pu quitter l'hôpital fin janvier. Une cérémonie d’accueil dans la communauté a été organisée au printemps suivant dans notre église, avec le père Mathieu, pour finaliser cette entrée dans la famille de Dieu et recevoir la lumière, le vêtement blanc et le saint chrême.


Aujourd'hui, malgré les épreuves passées, je continue de vivre avec foi et gratitude, reconnaissante pour chaque instant passé avec notre fils, et avec une compréhension profonde du miracle de la vie et de l'amour divin. J’ai beaucoup pleuré et douté quand nous avons perdu Ferréol, Léopold ne le remplace pas mais c’est un très joli clin d’œil du Ciel : après 4 filles, Dieu nous confie un joli petit garçon. Petit miracle. » Sophie


Texte recueilli par Solange Pinilla



(Photo © Coll. particulière)


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