Un groupe de partage pour les parents solos
Cet article est extrait de Zélie n°89 - Novembre 2023 : "Avec les mamans solos".
Dans plusieurs paroisses catholiques, il existe des groupes pour permettre aux parents seuls de se soutenir, dans la foi et l’amitié. Zoom sur celui de la paroisse Sainte-Madeleine, à Nantes.
Il y a 13 ans, l’époux de Marie-Annick est décédé, à la suite d’un accident. Ils avaient une fille unique de 8 ans et demi. C’est par une amie, devenue veuve six mois avant elle, que Marie-Annick Petit a connu le groupe « Lumière dans ma vie », à la paroisse Sainte-Madeleine à Nantes, animée par la communauté de l’Emmanuel.
Ce parcours existe également à Paris, Orléans et Bordeaux. Il s’adresse aux parents seuls, qu’ils soient séparés, divorcés ou veufs, même si ces situations sont bien sûr différentes les unes des autres. « Il vise à rassembler un groupe de personnes et proposer un parcours d’espérance, explique Eric, de l’équipe d’organisation. Nous nous retrouvons un samedi par mois, de septembre à juin, de 17 heures à 22 heures. » Les enfants sont pris en charge, autour de jeux et du repas.
Lors de cette rencontre, après un temps d’accueil autour d’un café ou d’un jus de fruits, les participants prennent un temps de louange.
Ensuite, un enseignement est proposé. « La dernière fois, c’est moi qui ai fait le topo, sur le Bon Samaritain, explique Marie-Annick. L’occasion de s’interroger : qui a pris soin de nous au cœur de notre souffrance ? Qui a pansé nos blessures ? Au début de la période où l’on est seul, on reçoit souvent beaucoup d’aide. Par exemple, après l’accident de mon mari, des parents d’élèves – je suis enseignante – ont gardé ma fille. Quand je me suis coupé le pouce, une maman a fait les courses pour moi. Mais par la suite, nous pouvons nous sentir rejetés ; par exemple, dans un dîner uniquement avec des couples, on ne sait pas toujours comment nous placer à table. Dans cette période avec davantage d’isolement, le Christ vient nous rejoindre au cœur de notre souffrance ! »
Les enseignements de ces soirées portent sur la reconstruction, le pardon, ou encore sur le mariage : « Ce dernier thème est un sujet sensible pour les personnes séparées », précise Marie-Annick.
Un temps d’adoration et de confession est ensuite proposé. Puis les participants vivent un moment de partage, pendant une heure. Marie-Annick apprécie d’échanger avec des gens qui « ont vécu les mêmes choses ». En effet, les personnes veuves discutent alors ensemble, tout comme les personnes séparées ou divorcées, car certaines problématiques diffèrent. « Quand on est veuf, on prend les décisions seul tout le temps, souligne Marie-Annick. Alors qu’en cas de séparation, elles peuvent être prises par les deux parents, voire être un sujet de conflit entre eux. »
La relation à l’autre conjoint est également différente : « Je pense par exemple à une femme dont le mari est parti, qui est toujours amoureuse de lui et dont les rencontres au moment de lui laisser les enfants ravivent la douleur. » Marie-Annick, qui est veuve, a un lien bien particulier avec son époux défunt : « Je sais qu’il est à côté de moi et qu’il m’aime encore, et même plus qu’avant. Il m’aide et intercède pour moi auprès de Dieu ».
La foi est importante pour elle : « J’essaie de faire confiance à Dieu dans ma fragilité. Je peux aussi compter sur la prière des frères dans la paroisse. Le Seigneur ne m’abandonne jamais. Il protège ma fille – aujourd’hui étudiante. Une phrase de la Bible qui m’aide est : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos" (Mt 11, 28). » Car le quotidien est parfois lourd à porter : « Le plus dur, c’est de se retrouver seule le dimanche midi devant son assiette ».
Une soirée du parcours « Lumière dans ma vie » se termine autour d’un dîner convivial de 20 heures à 22 heures. « Il peut y avoir des crêpes autour de la Chandeleur, ou un dîner en rouge et vert dans la période de Noël, raconte l’enseignante. Certaines - je dis certaines car il y a surtout des femmes dans notre groupe - se sont réjouies de partager une raclette, car elles n’en mangeraient pas seules ! » Un peu de lumière, dans un quotidien qui manque parfois de couleurs. Solange Pinilla
Photo Unsplash
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