Reportage : reposer le mental avec la Vittoz-danse
Ariane Chevallier-Chantepie (photo), qui enseigne la méthode Vittoz, a créé la Vittoz-danse. En s’ancrant davantage dans son corps et ses sensations, on apprend à vivre l’instant présent. Nous avons testé pour vous une des séances de Vittoz-danse qu’elle propose. Le thème du jour portait sur la vie : suis-je vivante ? Comment choisir la vie ?
Dans la pièce garnie de parquet, une dizaine de femmes sont assises ou allongées, chacune sur son tapis de gymnastique. En cette belle après-midi de juin, d’une voix douce, presque enjouée et tendre, Ariane Chevallier-Chantepie invite à sentir son corps qui pèse. Les points de contact avec le sol, et avec l’air. Différentes parties du corps. La largeur de ses épaules. La largeur de son bassin. « Ne pas imaginer, juste sentir. »
Ensuite, écouter les sons, s’en imprégner comme une éponge. Le chant des oiseaux, le moteur des voitures dans la rue... « Juste le corps et les sons. Comme un enfant au réveil. » Puis, une musique lente, de type classique contemporain, s’élève. Avant que le rythme musical s’accélère légèrement. « Chaque note, prononce Ariane Chevallier-Chantepie. Juste le corps et les notes. »
On commence à bouger un peu, à s’étirer. Celles qui étaient allongées s’assoient. Puis, chacune esquisse librement de lents mouvements de danse, sur le thème de « la vie ».
Le thème de cette séance de Vittoz-danse a été évoqué par Ariane au début, lors d’un topo devant les femmes. « Pourquoi choisir la vie ? Pourquoi une vie parfois difficile, et pas directement... le Ciel ? Une femme m’a posé cette question. » Elle rappelle : « Malgré la chute – le péché originel, Dieu a décidé de nous épouser en nous recréant pour nous sauver. Il veut transformer nos chaînes d’esclave en bijoux, comme le dit le Cantique des cantiques ! »
Ariane ajoute : « A plusieurs mystiques, dont Gabrielle Bossis, Jésus a demandé de l’aimer maintenant, car après, au Ciel, nous ne pourrons plus lui offrir de cadeaux, il n’y a plus que Lui qui nous comblera. L’Esprit Saint nous permet de devenir dès maintenant "d’autres Jésus" ! Jésus est la Vie, et la vie nous propose des merveilles extraordinaires. Il veut nous donner la vie, la vie en surabondance. »
Pendant une période de son existence, Ariane a souffert d’une maladie qui l’a obligée à rester allongée pendant plusieurs années. « Un jour, j’ai posé cet acte de foi que Jésus allait me guérir. C’est comme si je tapais du pied dans le fond de la piscine, pour pouvoir remonter. J’ai commencé à pratiquer la méthode Vittoz. La praticienne m’a dit que la vie était un combat. Cela m’a donné la force de prendre la voiture pour aller la voir, alors que j’étais allongée depuis trois ans ! Ce qui m’a permis de sortir du trou, c’est la pratique de l’instant présent, et le combat incessant pour aller à la piscine tous les jours. Alors qu’au début, quand je bougeais, j’avais une crise inflammatoire dans tout le corps. Je n’allais pas me laisser mourir, car Jésus avais déjà acquis ma guérison ! »
Elle affirme : « La vie est un combat. Il faut dire un "oui" confiant à Dieu, dix fois par jour. Oui, je suis dans l’instant présent, dans mon corps, je me détends. Je cultive un esprit de vie. Pour moi, la danse, c’est aussi choisir la vie, laisser le mouvement jaillir en moi. » Elle conclut : « Je n’ai jamais été déçue d’un acte de foi. »
La méthode Vittoz, inventée au début du XXe siècle par Roger Vittoz, médecin suisse, vise à un meilleur équilibre cérébral entre réceptivité - accueil de ses sensations - et émissivité - contrôle de la volonté.
Revenons à la séance de Vittoz-danse qui a suivi le topo. Ariane Chevallier-Chantepie invite à des mouvements de la vie qui jaillissent du sol ; une posture où l’on exprime sa souveraineté par une nuque sentie, donc droite ; une attitude où l’on esquisse des gestes de combattante, droite comme un i ; ou encore où l’on s’invite au centre de la danse...
Cette chorégraphie improvisée se fait au son de musiques joyeuses, de Amour éternel de Natasha St-Pier et Grégory Turpin, à « L’histoire de la vie » dans le film d’animation Le Roi Lion, ou I’m alive de Céline Dion.
« Plus c’est lent, plus c’est intense », déclare Ariane à propos des mouvements. Chacune danse lentement, sous le regard du Christ miséricordieux en grand format. En effet, cette approche qui intègre le corps et l’âme, de manière assez originale, car dans la culture occidentale, on a assez peu l’habitude de danser en priant, ni de prier en dansant – sauf parfois dans la louange charismatique ou la pop louange, mais de manière moins variée.
De plus, mieux vaut ne pas avoir peur du regard des autres, crainte qui était un peu un frein pour l’auteur de ces lignes, moins habituée à la danse Vittoz que les autres participantes.
A la fin des deux heures, on se rassemble pour prier en arc de cercle, toujours en dansant avec douceur, et l’on reçoit une Parole de Dieu sur un papier saumon. Ici, ce fut un passage du Cantique des cantiques : « Je dors, mais mon cœur veille, j’entends mon Bien-Aimé qui frappe. "Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est couverte de rosée, mes boucles de gouttes de la nuit." »
En sortant de cette étonnante Vittoz-danse, on ressent une saine fatigue, l’impression d’un moment comme « hors du temps », un voyage corporel et intérieur. Un moment de vie intensément vécu. Solange Pinilla
Lire le reste de Zélie n°97 - Eté 2024 sur le thème de "Savourer la vie"
Photo S. Pinilla
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